Michel Delpech
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Exit toute une époque
- Par guy sembic
- Le 12/01/2016
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Avec la disparition récente, en 2015 jusque dans les premiers jours de 2016, de :
Natalie Cole 65 ans, chanteuse soul américaine,
Ian Lemmy Kilmister 70 ans, chanteur du groupe Motörhead,
Leny Escudero 82 ans,
Guy Béart 85 ans,
Richard Antony 77 ans,
Demis Roussos 68 ans...
... Et tout récemment,
Michel Delpech 69 ans (presque 70),
David Bowie 69 ans...
Tous de cette génération des nés dans les années 40 du 20ème siècle, ou des années 30 pour les plus âgés... Nous les avons tous connus, ces "grandes figures" qui ont été des repères culturels dans le domaine de la musique et de la chanson, des "repères culturels" dis-je, oui, pour les gens aujourd'hui âgés de plus de 60 ans, et donc, de la jeunesse de ces gens dans les années 60 et 70 du 20ème siècle.
Je parle bien ici de "repères culturels" au même titre que les grands romans de la littérature Française, anglosaxonne, américaine, entre autres, de tous ces écrivains nés dans les années 1940 ; au même titre que les productions de cinéma et de théâtre avec les acteurs et les comédiens les plus connus, les plus célèbres...
Avec la disparition de toutes ces "grandes figures", c'est toute une époque, toute une culture, qui ainsi, sans cependant sombrer comme un navire dans un naufrage, demeure et demeurera toujours présente à la surface d'un "océan du temps", avec tout ce qui, à perte de vue dispersé et flottant, parfois sous les eaux comme des villes englouties dont on discerne les toitures, les monuments, les flèches des églises ; témoignera de ce qui fut...
De nos jours, les "jeunes et nouvelles générations" des nés après 1980, et à plus forte raison des nés après l'an 2000, peuvent-ils, dans quelle mesure peuvent-ils avoir des repères culturels d'une aussi grande envergure que ces repères qu'avaient les gens dont la jeunesse était celle des années 1960, 1970?
Je crois, je crois vraiment oui, que les "repères culturels" sont toujours là, autres certes, mais ces repères tant dans le domaine de la musique et de la chanson que dans le domaine de la littérature, du cinéma et du théâtre... Sont beaucoup plus dispersés, beaucoup plus multiples, et qu'ils n'ont plus, les uns et les autres de ces repères culturels, comme dans la seconde moitié du 20 ème siècle, cette portée universelle, cet impact auprès d'autant à la fois, de gens de toutes générations, des villes, des campagnes, de tous les milieux sociaux...
L'on voit émerger par exemple toute une constellation de jeunes artistes, chanteurs, musiciens, comédiens ; ayant tous autour d'eux bon nombre de fans (ou de "followers"), l'on voit ces chanteurs, ces comédiens, ces groupes musicaux, ces jeunes écrivains, présentés par Laurent Ruquier au "talk show" de télévision "On n'est pas couché", ou dans d'autres émissions "grand public" variétés, de télévision, par d'autres producteurs ou animateurs...
Et puis, ce qui caractérisait l'époque des années 1950 à 1970, et qui d'ailleurs existait déjà bien avant, dès le début du 20 ème siècle, c'étaient ces "découvreurs de talents", des directeurs artistiques de cabarets, boîtes de nuit, qui parcouraient les rues, les places publiques, à la recherche de nouveaux talents ; et ces maisons d'édition les plus connues dont les agents littéraires avaient "des antennes"... Je pense par exemple à Louis Leplée, un directeur de cabaret parisien, qui dans les années 1930, découvrit dans la rue la "môme Piaf"...
Plus rien de tout cela n'existe aujourd'hui, remplacé par les réseaux sociaux du Net d'une part, et d'autre part, par la "politique" des producteurs animateurs de télévision, des directions de maison d'édition, "politique" orientée dans le sens de l'audimat et du succès commercial, de la mode et du paraître... De telle sorte que toutes les productions artistiques, musicales, littéraires et autres, de qualité et de talent réels, sont comme "noyées dans la masse" et ne rayonnent que dans un espace limité, un espace dont on peine à discerner un horizon aussi net que lointain, et qui ressemble à un paysage dont les formes et les contours sont flous, diffus ; par endroits illuminé, par endroits sombre ou brumeux. Autant dire que nous étions avec "le monde d'avant", dans un paysage plus net, délimité par une ligne d'horizon qui nous semblait lointaine mais bien visible et qui nous faisait rêver à tout ce que l' on imaginait qu'il y avait derrière...
Et c'est bien dans ce paysage du monde du 20 ème siècle, que se situaient, tels des phares le long de la côte océane, tous ces repères culturels qui étaient ceux de ces "grandes figures" de la chanson, de la musique, de la littérature, du cinéma et du théâtre, récemment disparues...
... D'aucuns s'accorderont sans doute à dire que, morts de cancers pour beaucoup de ces disparus, ils eurent des vies dissolues, ils ont abusé d'alcool, de drogue et de cigarette... Mais les "leçons de morale" toutes autant qu'elles sont et que l'on en peut faire, cela n' a jamais changé le monde ni hier ni aujourd'hui...