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  • Les fulgurances des jours et des moments heureux

    Ce sont les fulgurances des jours et des moments heureux, en autant de piqûres d’héroïne sans effets secondaires dévastateurs, qui nous font oublier qu’on est faits comme des rats…

    Mais ce sont aussi les manifestations ostentatoires de nos individualismes, ce que l’on veut être ou devenir en s’existant sans exister les autres, qui nous font oublier qu’on est faits comme des rats…

    Des rats dans la nasse, des rats nageant dans vingt centimètres d’eau au fond d’une lessiveuse, des rats dont la durée de vie n’excède pas 4 ans…

    Ce qui peut nous sauver d’être faits comme des rats, ce n’est pas de l’oublier, avec la fulgurance des jours et des moments heureux, ou avec ce que l’on veut être et devenir… C’est de savoir que les rats ont des millions d’années d’existence en millions de millions de générations de rats… Ainsi d’ailleurs que les humains mais en un peu moins de générations que les rats…

    Autrement dit l’espèce, celle des rats ou celle des humains, est “faite comme des Terres, faite comme les étoiles, faite comme le cosmos”… Ça dure donc “un peu plus que 4 ans, un peu plus que 100 ans…

     

  • Des moments sans voix intérieure, sans pensée, brefs et fugitifs...

    ... Il est de ces moments, dans une journée, en général assez brefs, et fugitifs parce que très vite, ils s'emplissent de nouveau de tout ce qui nous vient ou revient à l'esprit, selon telle préoccupation, telle idée, tel agissement... De ces moments où aucune voix intérieure, aucune pensée, aucune image ne nous vient, notre esprit étant alors totalement nu... Ce qui arrive en particulier en un lieu de recueillement ou de très grande beauté, en face de l'oeuvre d'un artiste, ou encore lors d'un événement inhabituel survenant, une rencontre imprévue, où l'on est sans voix, sans réaction et avec l'impression que le temps s'est arrêté...

    Le sens et la portée de l'événement, la beauté d'un paysage ou de l'oeuvre d'un artiste, le recueillement qui s'impose naturellement en un lieu de mémoire et d'histoire, prennent alors une dimension toute autre que celle de nos émotions et de ce qui entre dans notre entendement... Et le silence qui se fait en nous "désexiste" nos ambitions et nos aspirations...

    ... Et il y a aussi, de temps à autre, tout aussi brefs et fugitifs, ces moments de "passage à vide" de l'esprit, indépendamment de tout événement particulier, où l'on ne se trouve ni dans un lieu de recueillement, ni en face de l'oeuvre d'un artiste ou de la beauté d'un paysage... Mais tout simplement dans la banalité de quelque acte quotidien répétitif... Un court instant où nulle pensée ne nous vient à l'esprit... Une sorte de "sommeil éveillé sans rêve, sans image"...

    Porte-t-on en ces moments là, un regard... Et quel regard ? Dont on n'est pas conscient... Sinon le regard que nous portions lorsque nous étions un tout petit enfant, un regard dépouillé de tout ce qui retient et emplit notre regard devenu éduqué et construit ?

    Ces moments là, où l'on est sans voix intérieure, sans pensée, l'esprit nu -mais sans doute pas sans regard- sont des moments sans préjugés, sans violence, sans haine, sans "trompe l'oeil"...