paysages arides

  • Deux paysages d'une incommensurable aridité

         D'un côté les barbares toutes générations confondues sauf les très petits enfants et les personnes vraiment très âgées, et de l'autre tous les intellectuels inaudibles de l'union sacrée médiatisée ! Ça fait deux murs, deux "no man's land", deux enfers ! Soit quelques millions de barbares d'un côté, où aucun dialogue n'est possible, aucune autre communication qu'agressive et de préjugés et de parti pris , rien d'autre que de se fracasser le crâne contre un mur de béton dans toute tentative d'approche ; et autant de millions d'un autre côté tous sortis d'écoles et "du bon côté de la barrière" et qui eux, n' ont que condescendance et mépris...

     

    ... Ces deux enfers, ces deux "no man's land", que sont d'un côté le monde des barbares et de l'autre côté le monde des sortis d'école et du bon côté de la barrière, sont les deux paysages incommensurables et arides que traversent tous les oubliés tous les exclus tous les non reconnus, avant de devoir se résoudre une fois passé derrière la ligne de l'horizon, à entrer dans une "éternité provisoire" où ils seront pour un temps dans la mémoire d'une poignée de vivants qui disparaîtront, où ils ne seront dans cette longue et grande "éternité provisoire" que des anonymes parmi des milliards d'autres anonymes dont il restera des traces ou des oeuvres que personne, aucun explorateur de paroles et d'écrits n'ira jamais rechercher...

     

    ... C'est cela même, le monde d'aujourd'hui, d'internet et du smartphone, de l'instantanéité et du "bling bling", où tout le monde est le héros du jour, où la médiocrité et la banalité dominent avec les effets de langage et d'image...

    C'est cela même, ce monde de ceux et de celles qui "font la pluie et le beau temps" et dont les livres, les tableaux et les musiques font la Une des Talk Shows de télévision et des rayons de grande surface de la culture...

    Du côté de la barbarie comme du côté des sortis d'écoles et des intellectuels progressistes affiliés à la pensée sociolibérale, il est un langage, il est une expression de la pensée et de la réflexion, celle des non reconnus, qui semble ne plus avoir cours, une expression qui devient inaudible parce que considérée dérangeante, et qui est rejetée ou moquée, qui "ne fait plus recette" et n'a plus d'avenir...

     

    ... Je reconnais là une "vision pessimiste" du monde d'aujourd'hui et de la société... Qu'il me paraît cependant nécessaire de nuancer... Mais qui n'en demeure pas moins selon ce que j'en ressens, d'une lucidité tragique...

    ... Afin de nuancer mon propos je dis qu'il existe -et c'est heureux- un autre paysage qui n'est ni celui des barbares ni celui des intellectuels de la pensée socio libérale ; c'est le paysage celui là, des oubliés et des non reconnus dont les traces et les oeuvres passent inaperçues, dont les existences sont, par ce qu'elles font apparaître au quotidien dans leur manière d'agir et de communiquer, comme des traits de lumière ou des rayons de soleil... C'est le paysage que les barbares et que les intellectuels ne voient pas ou, quand ils le voient le déconsidèrent ou le refusent en bloc...