pessimisme
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Le naufrage sera retardé, au mieux il n'aura pas lieu
- Par guy sembic
- Le 24/06/2018
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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... "Commençons par l'inquiétude. Depuis les sombres journées du printemps radieux de 1940, les Français s'interrogent sur leur situation et sur leur avenir, sur leur langue qui se délite, sur leur littérature en roue libre, sur leur art, sur leur façon de vivre.
Ils ont cessé d'être de bonne humeur. Ils risquent de devenir moins drôles, moins insouciants, moins charmants qu'ils ne l'ont été longtemps aux yeux des étrangers.
Les mots déclin et décadence rôdent à l'arrière-plan. A quoi nous est-il encore possible de croire? Et que nous est-il permis d'espérer?"
[ Jean d'Ormesson, "Saveur du temps", chroniques du temps qui passe ]
... Cette inquiétude, ce désarroi, ce pessimisme, ces peurs, ces pertes de repères, ces replis sur soi ou sur une communauté de relations, d'idées partagées, de religion, cette morosité, enfin tout ce que cela génère de "mal vivre", de frictions, de violences, d'exacerbations, de crispations, de préjugés, de banalité dans l'expression du déplorable, du scandaleux, de l'inacceptable, de tout ce qui choque ou dérange...
C'est "la couleur de fond" du tableau, c'est la "réalité ambiante", c'est ce qui se voit, se perçoit, se ressent...
C'est cette vision qui nous agresse, du monde dans lequel on vit au quotidien, de la société dans son ensemble, de tout ce que l'on voit se décomposer, disparaître...
... Mais il y a aussi une autre réalité, et cette réalité là est celle de l'hésitation à "gratter la surface du tableau", à pénétrer en somme, ne serait-ce que d'un regard fugitif, dans l'épaisseur et dans la texture de la couleur...
J'entrevois -pour ne pas dire que carrément je vois- parvenant à lever l'hésitation à gratter la surface, des visages qui accueillent, disent bonjour et merci ; je vois de jeunes enfants et des adolescents qui disent aussi merci et bonjour et qui posent des questions appelant des réponses différentes de celles qu'habituellement on donne...
Tout cela, oui, comme de petits points ou de petites touches de peinture claire et vive, de ci de là dans le tableau, certes éparpillés mais réels, et qui tendent peu à peu à se rapprocher pour former dans le grand tableau général, des bouts de paysages s'assemblant...
Le naufrage sera retardé, au mieux il n'aura pas lieu...