tort
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Avoir tort ou raison
- Par guy sembic
- Le 12/11/2020
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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… “Le fait est que comprendre les autres n'est pas la règle dans la vie, c'est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C'est même comme ça qu'on sait qu'on est vivant : on se trompe. Peut-être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et continuer rien que pour la balade. Mais si vous y arrivez, vous… alors vous avez de la chance.”
[ Philippe Roth ]
… Renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, ou à propos de ceci ou de cela… Ce n’est pas pour autant renoncer à la discussion, c’est entrer dans l’idée tout d’abord, et ensuite accepter cette idée de la possibilité d’une voie qui s’ouvre, différente de la voie du tort ou de la raison.
Alors la discussion qui s’engage, dans cette voie différente, quand bien même l’on s’y égarerait, sur cette voie, et que l’autre regard que le sien, celui de cet autre, se porterait bien ailleurs que là où l’on regarde soi-même… La discussion s’apparenterait à une promenade qui, d’une certaine manière, cesserait d’être une promenade solitaire…
Car s’attacher jusqu’à se crisper, à avoir tort ou raison sur autrui, ou à propos de ceci ou de cela dans une discussion, c’est à coup sûr, autant pour l’un que pour l’autre, une promenade solitaire … Et inconfortable, surtout pour celui ou celle des deux qui finit par “baisser la garde”, vaincu ou dépité ou lassé…
Mais cela ne veut pas dire que, si la promenade cesse d’être solitaire pour l’un ou pour l’autre, qu’elle soit forcément plus confortable…
… “Comprendre les autres n’est pas la règle dans la vie”, ce n’est pas seulement se tromper sur leur compte, car alors le fait même de se tromper à propos de ce qu’ils sont – ou ne sont pas – c’est d’une certaine manière tenter de les comprendre, ou prétendre les comprendre… Mais c’est aussi et surtout, ne pas les reconnaître, penser assez souvent, péremptoirement, souverainement, qu’ils n’ont pas vocation à être compris, voire qu’ils doivent être rejetés, ignorés, méprisés, “zappés” dans les réseaux sociaux, inécoutés dans les lieux où ils s’expriment…
En revanche vouloir être compris des autres, et le vouloir avec un acharnement manifeste, ostentatoire, “cocoricoïque” dirais je, c’est cela, la règle dans la vie, plutôt…
Le résultat? … C’est cette immense et inconfortable solitude, comme une sorte de “retraite de Russie de 1812 jusqu’à une Bérézina, avec plein de cosaques embusqués dans les bois te tombant sur le dos à chaque croisée de chemins” !