Victor Hugo
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Une point de désaccord que j'ai avec Victor Hugo, dans ce poème dont je cite un extrait :
- Par guy sembic
- Le 25/04/2023
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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« C’est d’être un alchimiste alimentant la flamme
Sous ce sombre alambic que tu nommes ton âme
Et de faire passer par ce creuset de feu
La nature et le monde et d’en extraire Dieu »
[ Extrait de « À Mademoiselle Louise B - Sagesse » ]
… Très beau, certes…
Mais… « d’en extraire Dieu », ça me dérange, ça me fait ruer dans les brancards…
Bon, il faut dire que du temps du vivant de Victor Hugo, l’immense majorité du peuple Français notamment dans les campagnes, « ne voyait, ne pensait, n’expliquait les choses, que par Dieu, que par ce qu’enseignait l’Église (Le catholiscisme apostolique et romain)…
Je rectifie « à ma façon » ce vers « la nature et le monde et d’en extraire Dieu » : la nature et les gens de bonne volonté et d’en extraire la beauté du monde… (Bon, c’est vrai, « ça piète pas ! »)
… Petite anecdote à propos de Victor Hugo :
C’était – il faut le dire- Victor Hugo, un « tombeur de dames » (c’est fou, d’ailleurs, ce que les Grands Écrivains, les Grands Auteurs, ont la cote avec les dames, notamment les très jeunes femmes, surtout lorsque ces grands auteurs et écrivains ont « pris quelque âge » devenus « rassis » et « chenus » et ont des visages à inspirer des sculpteurs célèbres !)… (rire)…
Un jour, Victor Hugo circule en calèche au bois de Boulogne. Il rencontre Louise Michel (plus jeune que lui à l’époque) qui, à pied, revient à son domicile assez éloigné du bois de Boulogne… Il propose à Louise Michel (qu’il soutenait dans son combat contre l’injustice et la misère) de la ramener chez elle dans sa calèche. Louise Michel monte dans la calèche, à côté de Victor Hugo. Au bout d’un kilomètre, voilà-t-il pas que Victor Hugo, alors « bien rassis et bien chenu » pose l’une de ses mains sur la cuisse de Louise Michel… « Ni une ni deux », Louise demande aussitôt à Victor « descendez moi ici, je continue à pied »…
( À noter qu’un anarchiste – en 1871 comme en 2023 – (homme ou femme) peut-être fidèle à sa femme ou à son mari, compagnon ou compagne, tout comme il demeure fidèle à lui-même dans ses idées, dans sa pensée, dans ses choix de comportements, dans ce qui le singularise, qui le démarque par rapport aux ordres du monde, aux ordres d’opinion, aux cadres établis, aux modes, et même à des mouvements contestataires qu’il ne rejoint pas)…
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Victor Hugo ennemi d'état, sur France 2 en 4 parties sur 2 jours
- Par guy sembic
- Le 06/11/2018
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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... Si Victor Hugo était vivant et donc un écrivain de notre époque, né par exemple en 1985, et aujourd'hui âgé de 33 ans avec la gloire qui était déjà la sienne en 1835... Il aurait cinq millions de followers sur Twitter.
... Sauf que... j'imagine assez mal que Victor Hugo puisse chaque jour ou à tout moment, exprimer sa pensée sur tel ou tel événement, de l'actualité politique, de l'actualité littéraire, de tout ce dont il serait le témoin de son temps... En textes de 140 caractères ! Pour autant que l'on puisse d'ailleurs appeler "texte" une phrase ou deux, de trois ou quatre lignes...
J'imagine plutôt Victor Hugo avec une page Facebook et cinq millions ou bien plus, d' "amis", une "page de dix mille pages", sur laquelle les "amis" et les visiteurs (puisque sa page Facebook serait publique) liraient chaque jour ou à tout moment, les textes, les notes, les articles qu'il produirait en -selon les jours et sa verve du moment- 30, 40 lignes... Avec des liens menant à ses oeuvres, à ses livres... en e-books ou PDF...
Victor Hugo aurait en outre un blog, un site, un compte Youtube...
... Le mode d'expression le plus répandu et le plus universel aujourd'hui, c'est celui où sur la Toile (le World Wide Web), non seulement des centaines de millions d'humains à tout moment "tweetent" leur "scoop du jour" ou leurs indignations ou leurs colères ou fêtent leurs anniversaires ou clament leur soutien pour une cause ou de temps à autre ont quelque "bon mot"... Mais c'est le "lieu" de la Toile, Twitter, où se produisent aussi, les hommes et femmes politiques, les artistes, les écrivains, les gens célèbres, les chefs de partis et de gouvernements, les présidents de la république, les chefs d'état, les princes, les rois, les savants, les chercheurs, les économistes, les chefs et directeurs d'entreprises...
... En 140 caractères, en un mot -pour résumer- "l'on dit autant Tout que Rien"... Mais il faut dire aussi qu'en 30, 40 lignes d'un texte d'actualité, de témoignage, de réflexion sur tel ou tel sujet, ce texte n'a qu'une portée ou qu'un rayonnement limité... A tel point que même un Victor Hugo aujourd'hui, avec cinq millions de followers sur Twitter ou cinq millions d' "amis" sur Facebook... Serait en fait, plus "zappé" que lu ligne par ligne... Le "zap" est en effet ce qu'il y a de plus répandu -autant sur la Toile que dans la rue ou au bistrot du coin- de telle sorte que la réactivité à une pensée exprimée n'est qu'étincelle produite par un allume-feu ou par un briquet et que la flamme ne vient pas... (C'est peut-être là toute la différence qu'il y a entre l'époque de Victor Hugo et notre époque... Du fait d'une visibilité de chacun qui aujourd' hui, n'en est plus une réellement, occultée qu'elle est cette visibilité, comme dans le centre d'une galaxie où brillent non plus mille étoiles mais un voile de lumière blanche)...
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Victor Hugo au Bac séries ES et S en juin 2014
- Par guy sembic
- Le 29/07/2014
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Je cite intégralement cet article publié le 19 juin 2014 dans le journal VOSGES MATIN, un article rédigé par monsieur Serge Lacroix, en rubrique "Education" :
"L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires, Frissonne ; au fond du bois la clairière apparaît ; les arbres sont profonds et les branches sont noires ; avez vous vu Vénus à travers la forêt?"
Classieux, non? Normal c'est du Hugo. Le début du poème "Crépuscule", tiré des "Contemplations". Un pur joyau de poésie signé de l'écrivain franc-comtois, sur lequel les candidats au bac des séries ES et S ont été interrogés hier lors de l'épreuve de français.
Et à l'évidence, tous n'ont pas goûté au rythme parfaitement cadencé des alexandrins hugoliens. Dès la sortie de l'examen en effet, (cela se passe à Besançon) ce pauvre vieux Victor en a pris plein la musette sur les réseaux sociaux, Twitter et Facebook notamment. Lui reprochant un style trop difficile d'accès, les lycéens se sont lâchés...
"Victor Hugo, t'es un bel enfoiré avec ton crépuscule à la con", accusait un "twitto". Une candidate renchérissant : "Crépuscule de merde. Victor Hugo, tu fais chié à écrire des poèmes comme sâ, avec ta nature, ta vie et ta mort à deux balles".
D'autres ont déjà anticipé leur note, gratifiant l'auteur d'un sigle peu élégant : "J'ai foiré mon bac à cause de ce fdp de Victor Hugo". Tandis qu'un lycéen, manifestement assez peu informé sur la mort du poète en 1885, menaçait : "Victor Hugo, si je te croise dans la rue, t'es mort".
Heureusement, l'auteur avait quand même ses défenseurs, comme Max, qui a twitté ce message : "Victor Hugo n'est pas responsable de votre inculture. Vous vous attendiez à du Keen'v pour le bac de français?". Pour ceux qui l'ignorent, Keen'v est un chanteur, responsable d'un morceau affligeant intitulé : "Le son qui bam bam". Evidemment, on est assez loin des "Contemplations"...
... L'on peut -et l'on a tout à fait le droit- et cela dans une argumentation justifiée, selon un point de vue personnel et qui se respecte... Ne pas aimer, ne pas vénérer Victor Hugo en tant que personnage dans la vie qui fut la sienne et dans son entourage familial et autre, pour telle ou telle raison pouvant se justifier... Ne pas souscrire à la "légende" du "monument littéraire" qu'il fut déjà de son vivant et après et au delà de sa mort... Oui, on le peut, on en a le droit, le droit de le dire et de l'écrire... (personnellement je suis disons "assez critique" sur certaines de ses oeuvres romanesques, et je ne l'élève point, quoique reconnaissant ce personnage comme un très grand écrivain et poète , un "géant" à vrai dire, en une statue éternelle de marbre inaltérable). Ce n'est donc point "un crime de lèse majesté" que de ne pas "porter aux nues" Victor Hugo... Ou tout autre "grand auteur" tel qu'Emile Zola, Honoré de Balzac, par exemple...
MAIS ce "florilège" de quelques uns de nos jeunes de 17/18 ans sur les réseaux sociaux au sujet de Victor Hugo, témoigne bien de la faiblesse, de la médiocrité du niveau scolaire au Bac, et plus généralement de la médiocrité culturelle ambiante actuelle... À moins qu'il ne faille voir là, au delà des apparences et du constat, qu'un changement radical dans l'évolution des cultures, des aspirations... en somme, l'émergeance d'un "monde complètement différent" avec des repères nouveaux, d'autres "règles", d'autres "valeurs"...
Peut-être bien après tout, qu'un Victor Hugo "n'est plus tout à fait d'actualité" dans le monde de l'écriture, du roman, de la littérature qui est le nôtre aujourd'hui ; la littérature, l'écrit, l'exprimé -et toutes les formes d'art d'ailleurs- ayant évolué... (Je pense que tout cela, toutes ces évolutions, s'appréciera avec le recul – l'on en reparlera d'ici quelques dizaines d'années)...
Que faut-il cependant penser de ces propos si langagiers, si médiocres, si vulgaires, de ces jeunes sur les réseaux sociaux du Net ; faut-il être résolument choqué, oui, de ces propos qui n'en reflètent pas moins un "ressenti"?
Est-on "meilleur que les autres" (que ceux dont on dit qu'ils sont incultes) parce que l'on a la capacité de s'exprimer autrement que dans le sens commun , parce que l'on se fonde sur des "valeurs"? Je n'en suis pas certain pour au moins une raison : c'est que si l'on n'est pas forcément fier, on n'est jamais humble...Sauf quand on est au bord de la mort, ou un tout petit enfant, ou un vieillard qui a tout perdu de ce qu'il fut en sa vie jadis, ou dans un état de très grande souffrance...
Qu'est-ce que c'est, au fond, qu'un "pur et bel esprit" ou "une belle âme" -si cela est, si cela peut être- sinon un être humain avant tout, un être avec tout ce qu'il a d'ordinaire en lui ?