Petit conte "sans-dents-tique"
- Par guy sembic
- Le 27/04/2025 à 07:32
- Dans Imaginaire en rapport avec objets et lieux
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… C’est Gautier, il a, en face de lui assez souvent, lors de repas festifs de l’ association dont il fait partie, Fulbert, un peu plus jeune que lui de quelques années, qui met à peine cinq minutes pour finir de manger son entrecôte ou sa tranche de rôti de veau accompagnée de flageolets ou de petits pois…
Gautier, quant à lui, met « un temps fou » pour parvenir au dernier tout petit morceau de l’entrecôte ou de la tranche de rôti de veau qu’il découpe peu à peu en morceaux de la taille d’un comprimé d’aspirine…
C’est que Gautier, avec son « coefficient masticatoire »… Et notamment depuis que ses incisives du dessus, complètement usées, sont devenues inexistantes, éprouve de réelles difficultés pour absorber des aliments devant être mâchés plus ou moins longuement…
Fulbert, en face, ayant « négocié en deux temps trois mouvements » son entrecôte ou sa tranche de rôti de veau, après avoir soigneusement saucé son assiette, croise ses mains, ses avant-bras devant lui sur le bord de la table, incline légèrement son visage et son regard en direction de l’assiette devenue « aussi propre qu’un sou neuf »… Se tient coi, ne dit mot, demeurant « pensif » alors qu’autour de lui fusent les propos, les conversations, les rires, de la trentaine de participants au repas festif…
Pour Gautier qui, durant près d’une demi-heure, « bataille avec sa tranche de viande » il est hors de question, qu’il y aille de sa voix, de ses propos, de quelque répartie que ce soit ; il ne peut en effet à la fois mastiquer et causer…
« En général » - pour ne pas dire « à tous les coups » - Gautier, 79 ans, de coefficient masticatoire inférieur à 30 %, et ayant depuis peu vu disparaître, complètement érodées, ses incisives du dessus ; lorsqu’il se rend au restaurant avec son fils et sa belle fille, ou en famille ou avec des amis, opte rarement pour le menu du jour qui comporte en plat principal, le plus souvent, une viande… Il « étudie » le menu – juste le temps qu’il faut afin de ne pas trop faire attendre ses voisins- et choisit automatiquement des plats ou des préparations qui ne nécessitent pas de devoir effectuer un « dur travail de mastication »…
C’est que Gautier, outre son coefficient masticatoire déficient, n’a jamais été un « rapide à table » et en dépit de sa « bonne volonté », de son souci des autres (de ne pas les faire trop attendre), il est toujours « bon dernier » à finir…
Ah, c’est que quand il est seul chez lui devant son assiette, que personne n’a à l’attendre, alors il prend son temps en toute liberté…
Vingt ans plus tôt, Gautier avait un meilleur coefficient masticatoire et surtout, des incisives du haut pour commencer à entamer sans devoir au préalable « coupototer » avec son opinel en petits morceaux à introduire entre ses lèvres l’un après l’auttre…
Mais… À 79 ans, et vu le temps qu’il lui reste à passer sur cette Terre, Gautier n’envisage point de dépenser une fortune – quelque chose, peut-être, comme dix mille euro tout compris – pour se faire poser une dentition équivalente à celle d’une personne de trente ans…
Disons qu’il pourrait – à la limite – Gautier, opter pour le dentier amovible conventionné par la Sécurité Sociale et entièrement pris en charge avec sa mutuelle… Ce serait- là, en effet, une solution…
Un dentier ? Il y a pensé, Gautier… Il en avait trouvé un sur Internet… Mais l’essai n’a pas du tout été concluant : ça collait pas à la gencive, ça se barrait au moindre mouvement de la langue… Et en plus, la commande par internet, c’était pas sur un site sécurisé, mais de fiabilité douteuse, et le produit a mis un mois et demi pour arriver à destination (made en China)…
À noter aussi que Gautier, au petit déjeûner, ne prend jamais de pain grillé…
… C’est Gautier, il a, en face de lui assez souvent, lors de repas festifs de l’ association dont il fait partie, Fulbert, un peu plus jeune que lui de quelques années, qui met à peine cinq minutes pour finir de manger son entrecôte ou sa tranche de rôti de veau accompagnée de flageolets ou de petits pois…
Gautier, quant à lui, met « un temps fou » pour parvenir au dernier tout petit morceau de l’entrecôte ou de la tranche de rôti de veau qu’il découpe peu à peu en morceaux de la taille d’un comprimé d’aspirine…
C’est que Gautier, avec son « coefficient masticatoire »… Et notamment depuis que ses incisives du dessus, complètement usées, sont devenues inexistantes, éprouve de réelles difficultés pour absorber des aliments devant être mâchés plus ou moins longuement…
Fulbert, en face, ayant « négocié en deux temps trois mouvements » son entrecôte ou sa tranche de rôti de veau, après avoir soigneusement saucé son assiette, croise ses mains, ses avant-bras devant lui sur le bord de la table, incline légèrement son visage et son regard en direction de l’assiette devenue « aussi propre qu’un sou neuf »… Se tient coi, ne dit mot, demeurant « pensif » alors qu’autour de lui fusent les propos, les conversations, les rires, de la trentaine de participants au repas festif…
Pour Gautier qui, durant près d’une demi-heure, « bataille avec sa tranche de viande » il est hors de question, qu’il y aille de sa voix, de ses propos, de quelque répartie que ce soit ; il ne peut en effet à la fois mastiquer et causer…
« En général » - pour ne pas dire « à tous les coups » - Gautier, 79 ans, de coefficient masticatoire inférieur à 30 %, et ayant depuis peu vu disparaître, complètement érodées, ses incisives du dessus ; lorsqu’il se rend au restaurant avec son fils et sa belle fille, ou en famille ou avec des amis, opte rarement pour le menu du jour qui comporte en plat principal, le plus souvent, une viande… Il « étudie » le menu – juste le temps qu’il faut afin de ne pas trop faire attendre ses voisins- et choisit automatiquement des plats ou des préparations qui ne nécessitent pas de devoir effectuer un « dur travail de mastication »…
C’est que Gautier, outre son coefficient masticatoire déficient, n’a jamais été un « rapide à table » et en dépit de sa « bonne volonté », de son souci des autres (de ne pas les faire trop attendre), il est toujours « bon dernier » à finir…
Ah, c’est que quand il est seul chez lui devant son assiette, que personne n’a à l’attendre, alors il prend son temps en toute liberté…
Vingt ans plus tôt, Gautier avait un meilleur coefficient masticatoire et surtout, des incisives du haut pour commencer à entamer sans devoir au préalable « coupototer » avec son opinel en petits morceaux à introduire entre ses lèvres l’un après l’auttre…
Mais… À 79 ans, et vu le temps qu’il lui reste à passer sur cette Terre, Gautier n’envisage point de dépenser une fortune – quelque chose, peut-être, comme dix mille euro tout compris – pour se faire poser une dentition équivalente à celle d’une personne de trente ans…
Disons qu’il pourrait – à la limite – Gautier, opter pour le dentier amovible conventionné par la Sécurité Sociale et entièrement pris en charge avec sa mutuelle… Ce serait- là, en effet, une solution…
Un dentier ? Il y a pensé, Gautier… Il en avait trouvé un sur Internet… Mais l’essai n’a pas du tout été concluant : ça collait pas à la gencive, ça se barrait au moindre mouvement de la langue… Et en plus, la commande par internet, c’était pas sur un site sécurisé, mais de fiabilité douteuse, et le produit a mis un mois et demi pour arriver à destination (made en China)…
À noter aussi que Gautier, au petit déjeûner, ne prend jamais de pain grillé…
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