Ce poème d'Aref Hamzeh
- Par guy sembic
- Le 13/09/2015 à 18:35
- Dans Livres et littérature
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... Lu dans "Quelques écritures de Syrie", publication par la Société Littéraire de la Poste et de France Télécom, revue trimestrielle Missives, juin 2015 numéro 277 :
Ce poème de Aref Hamzeh, traduction Hala Omran et Wissam Arbache
Je m'assieds sur la place publique de Buchholz
Parmi les mutilés de guerre
Comme eux j'observe la vie qui appartient aux autres
Comme eux j'attends le coucher du soleil pour partir
Sans que personne
Ne s'aperçoive
De notre solitude
Je ne retournerai pas dans mon pays en tant que citoyen Syrien
Si la guerre se terminait
Ni kurde ni arabe
J'y retournerai exilé
On se parle tous les jours au téléphone ma mère et moi
Comme deux veufs
Les années de deuil
Le téléphone pour ma mère
Est comme un sérum
Attaché à sa main
27 janvier 2015
AREF HAMZEH
Né en 1974, diplômé de Droit de l'Université d'Alep en 1998. Il publie des poèmes et des critiques littéraires dans les journaux et magazines arabes. En 2004, il reçoit le Prix de poésie Mohammad Al-Maghout. Il est aussi nominé pour la Bourse Internationale Littéraire "Rolex" en Suisse en 2006.
Beaucoup de ses textes ont été traduits vers l'Anglais, le Français, l'Allemand, le Turc, le Kurde et l'Espagnol.
... Je viens de me faire cette réflexion :
"Que ce soit hier soir samedi 12 septembre 2015 sur France 2, sur les plateaux l'un de Patrick Sébastien avec Le plus Grand Cabaret du monde, et l'autre de Laurent Ruquier avec On n'est pas couché... Et, avec sur chacun de ces deux plateaux de télévision, les invités de ces deux émissions de grande écoute le samedi soir... Que ce soit tous les autres jours de cette année 2015 avec tous les écrivains, tous les artistes qui se produisent... (Je ne parle point des "politiques" et des "économistes ça serait "trop indécent")... Que ce soit aussi, plus généralement, tous les internautes qui postent sur les réseaux sociaux ou qui diffusent sur des blogs leur petit espace personnel...
... QUE VAUT, que représente tout cela ? QUEL EST LE SENS, la portée, la place... dans le monde de 2015, de tout cela ?
Quelle crédibilité de tout cela...
Que pèse tout cela... En face de ce chaos, de cette violence, de ces guerres, de ces millions de réfugiés dont la plupart vivent dans des camps ou fuient sur les routes de l'Europe ?
Nord Mali, Soudan, Erythrée, Lybie, Nigeria, Yemen, Syrie, Irak, Afghanistan, Pakistan, Kurdistan... Tous ces pays dont l'Histoire, aujourd'hui s'arrête, et qui, comme tous les pays du monde, ont eux aussi leurs écrivains, leurs poètes, leurs artistes ?
Il me semble... il me semble... Et je le dis avec une certaine gravité... Que le sens, que la portée, que la place, que la crédibilité... de tout ce que l'on peut produire, artiste, poète, écrivain... Et même simple internaute sur un réseau social... Se trouve en ces temps que nous vivons, davantage du côté d'un Aref Hamzeh, plutôt que du côté de l'un ou de l'autre des invités de Patrick Sébastien ou de Laurent Ruquier...
Je crois qu'en ces temps graves que nous vivons depuis les révolutions arabes de 2011, que depuis les politiques menées par les Européens et les Américains dans le développement de ces révolutions ; que depuis les événements, les guerres qui découlent de ces révolutions, avec notamment les flux migratoires de plus en plus importants de ces derniers mois, flux migratoires qui sont l'une des principales conséquences des guerres... Je crois que par la voix et par les oeuvres des artistes, des intellectuels, des poètes et des écrivains de tous ces pays en guerre actuellement et plongés dans le chaos, que c'est bien là, bien plus que par la voix et par les oeuvres des gens qui "font la pluie et le beau temps" sur nos plateaux de télévision Européens... qu'il y a le plus d'espoir pour une "issue" (que l'Histoire, non seulement de ces pays en guerre mais aussi l'Histoire du monde tout entier, puisse "repartir")...
Les uns, sur nos plateaux télé et dont les livres se vendent et se lisent, sont plus soucieux de leur destin personnel que de l'évolution et de la portée de la littérature,de l'art, dans la vie, dans la société...
Les autres, persécutés, en exil, censurés, dans des pays de dictature et de guerre, sont au contraire bien plus motivés dans le sens de l'évolution et de la portée de la littérature et de l'art dans la vie, dans la société...
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