Houellebecq économiste, de Bernard Maris

9782081296077 cm

... Bernard Maris est économiste, journaliste (notamment à Charlie Hebdo, où il signe Oncle Bernard, et sur France Inter) et écrivain.

"Si la souffrance des héros de Dostoïevski est liée à la mort de Dieu, celle des héros de Houellebecq naît de la violence perpétuelle du marché"... [ page 48 du livre édition Flammarion ] nous dit Bernard Maris, qui juste avant cite Houellebecq dans "Plateforme" : "Le capitalisme est dans son principe un état de guerre permanente, une lutte perpétuelle qui ne peut jamais avoir de fin"...

En 4 ème de couverture l'on lit :

Servitude, frustration, angoisse sous l'impitoyable "loi de l'offre et de la demande" ou celle de la "destruction créatrice" ; souffrance dans les eaux glacées du calcul égoïste et l'extension du domaine de la lutte qui conduira à la disparition de l'espèce... Tel est l'univers des héros houellebecquiens. ... / ... Vous le détestiez ? Son respect du travail, des femmes, du lien amoureux, et son mépris pour le libéralisme et l'économie vous le feront aimer.

... Michel Houellebecq est l'un des écrivains les plus controversés aujourd'hui... Dans le monde de la critique littéraire et journalistique.

Qualifié de "nullité littéraire" par certains, et de "génie" pour les autres...

L'on comprend que cet écrivain puisse ne pas être aimé par ceux qui aujourd'hui plus que jamais "font le monde" dans le sens de ce qui doit se croire et se savoir, se subir, et cela dans la "pensée unique" d'un libéralisme tout puissant, prédateur et inhumain...

... Cependant je soupçonne l' Economie de Marché (mondialisée), de se servir de ce qu'il y a de plus pur, de plus sincère, de plus authentique, de plus profond, de plus réfléchi, de plus marginal, de plus révolutionnaire, de plus intime, de plus unique en l'être (cet être qu'au fond nous sommes si nombreux à être)... Afin de pérenniser au mieux -et au plus rentable- cette consommation de masse sur laquelle elle s'appuie...

Ainsi l'Economie de Marché est-elle parvenue à son stade ultime et absolu de perversion... Puisque les purs, les authentiques, les sincères, les révolutionnaires, les marginaux, les "coups de hache sur la mer gelée" ne peuvent désormais s'ils veulent être entendus, que se servir précisément de ce que le "Système" (ce Système pervers) met à leur disposition...

Aucun écrivain, aucun artiste, aucun humoriste, aucun poète, aucun penseur "postulant à une forme de reconnaissance" n'opte pour ce que j'appelle un "suicide littéraire ou artistique" ... Et quand bien même il opterait pour le "suicide" (par exemple en disant merde à tout le monde et en refusant tout, le fric, la gloire, etc.) eh bien le "Système" trouverait encore le moyen de "récupérer commercialement le suicide littéraire ou artistique" !

C'est dire l'impasse dans laquelle nous nous trouvons ! Dans un certain sens, c'est pire que l'histoire de l'Intellectuel acculé au pied d'une muraille demi circulaire de roche, devant l'araignée géante dont la paire de mandibules va broyer l'Intellectuel !

... Ce passage, du livre de Bernard Maris, Houellebecq économiste :

"Le kilo de pain était l'élément de base du minimum vital du salarié au temps des maîtres de forges. Sans doute le Smartphone et l'abonnement Internet, plus le litre de gazole, ont remplacé le kilo de pain. Mais le concept reste le même : sans son ordinateur utilisé en continu, le cadre ne peut survivre. La notion de minimum vital social veut dire que l'on vous maintient la tête hors de l'eau, à peine, le temps de consommer les choses que vous avez produites, et que, hors de ce temps de consommation, vous ne pouvez vivre.

Une telle vie serait inadmissible s'il n'y avait le leurre de la nouveauté. C'est pourquoi il faut innover. L'entrepreneur, écrivait Schumpeter, est homme capable d'innovation.

Ne nous y trompons pas : en fait d'innovation, il s'agit le plus souvent de démoder aux yeux du public des objets auxquels il aurait le tort de s'habituer, et auprès desquels il acquerrait une certaine sécurité. En même temps, les innovations trop importantes menacent les les rentes des grosses entreprises, qui les récupèrent pour les exploiter et étouffer leurs promoteurs. »

... Au temps des maîtres de forges, des grands patrons de l'industrie, des charbonnages et de la métallurgie, qui étaient des gens habitant le château du coin et étaient propriétaires de vastes domaines, et dont la fortune était certes colossale ; il y avait du travail pour tous, du travail très dur, une vie quotidienne difficile... Et en même temps un "bien-être relatif", si l'on peut appeler "bien-être" cependant, le fait que tout un chacun pouvait accéder à une "consommation de base" essentiellement axée sur des produits vraiment nécessaires et surtout durables... Je dirais de cette économie là, qu'elle était "de dimension humaine"... et c'est d'ailleurs cette économie qui avait cours depuis des siècles, une économie en quelque sorte "mondialisée" puisque de nombreux échanges commerciaux, des marchés, des transports de marchandises et de produits manufacturés, de matières premières s'effectuaient par bateau, par train, entre les pays de l'Europe et du reste du monde...

Mais aujourd'hui, ce sont les banquiers, les financiers, les actionnaires (on appelle cela des "Groupes") qui sont les nouveaux "grands patrons", et ceux là, ne sont plus visibles, plus joignables (ils sont bien plus loin et en même temps davantage  partout, que les maîtres du château du coin, que l'on pouvait jadis houspiller voire un peu bousculer)... Je dirais de cette économie là, qu'elle est "d'une dimension froidement mécanique dans laquelle les êtres humains ne sont même plus des "individus" mais des "variables d'ajustement"...



économie

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire