L'anarchisme, de Daniel Guérin
- Par guy sembic
- Le 27/08/2012 à 07:49
- Dans Livres et littérature
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... Livre de poche collection "idées nrf"... Editions Gallimard, 1965.
Sans doute à mon sens, (après l'avoir lu et dont certains passages plusieurs fois) l'un des meilleurs livres sur l'anarchie... (c'est fou les ouvrages qui ont été publiés depuis des temps immémoriaux sur l'anarchie, notamment après le début du 19 ème siècle et avant, au 18 ème)...
Mais... tout de même : ce livre ne se lit pas comme un roman ! À vrai dire, on peut le lire "anarchiquement" par exemple en choisissant tel ou tel chapitre de l'une ou l'autre partie... Par le début, par le milieu, par la fin, peu importe...
Le mot "anarchie" dérive de deux mots du Grec ancien : "an" et " archê " (nos claviers d'ordinateurs n'ont "pas prévu" l'alphabet Grec Ancien... pas plus d'ailleurs que le "Nordique Primitif Inférieur" du roman de John Irving, l'histoire d'un type qui devait boire beaucoup d'eau - rire- )...
Ces deux mots Grecs "signifieraient" : absence d'autorité ou de gouvernement... Mais depuis des millénaires règne en maître un préjugé selon lequel l'Homme ne peut se passer de l'un ou de l'autre, et que "anarchie" serait synonyme de désordre, de chaos, de désorganisation...
Le livre commence avec les idées-forces de l'anarchisme, puis, "à la recherche de la société future", l'anarchisme dans la pratique révolutionnaire, avec la révolution Russe, puis un passage sur une révolution libertaire, et pour finir, l'anarchisme dans la révolution Espagnole (qui n'acceptait pas le diktat de type soviétique ni toute forme de gouvernement autoritaire censé "être juste et égalitaire par la force", et donc par des autocrates, des intellectuels froids et calculateurs, une police et une armée et derrière, un système)...
Y sont cités (avec les phrases les plus marquantes qu'ils ont dites) Proudhon, Stirner, Bakounine, Elisée Reclus (entre bien d'autres)...
Toute une histoire de l'anarchie, des mouvements ouvriers et paysans, aux Pays Bas, en Allemagne, en Hongrie, en Espagne... depuis 1880 jusqu'en 1914 et au delà... Expériences, déchirements, adhésion au non à l'internationale communiste, à la révolution Russe et à son évolution, congrès, actions entreprises, ouvrages publiés, censure, poursuites et persécutions, etc; ... Tout cela en face de l'autorité de l'état, de la police, de l'armée, du principe sacro saint de la propriété, du fait religieux, de la "morale traditionnelle et bourgeoise", des différentes formes de "pensée unique" selon les époques...
... Pour celles et ceux d'entre vous qui "seraient intéréssés" par ce vaste (et sensible) sujet, qui est celui de la pensée anarchiste, je ne puis que vous recommander ce livre, qui, bien "qu'un peu ardu à la lecture", contient à mon sens, l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur l'anarchie... Mais bien sûr, il n'y a pas "que ce livre là"...
... Dans la société anarchiste qu'en mon esprit je conçois, et que je dis "être un jour peut-être l'avenir de l'Homme"... dans le fil sinueux et accidenté et parfois même cassé, d'une évolution cependant certaine... C'est la relation qui est le "fondement premier et moteur" , la relation seule...
Et la relation, c'est la relation dans la vie quotidienne et dans les contingences de la vie quotidienne entre les gens, c'est la relation à tous les niveaux : dans l'échange, dans le dialogue, dans la prise de décision, dans l'acte, dans la culture, dans l'art, dans le "vivre ensemble", dans la transmission du savoir et donc dans l'éducation, dans la mémoire, dans le souvenir, dans le vécu, dans le ressenti, dans l'émotion partagée ou communiquée...
Il n'y a alors, plus besoin d'élire qui ou quoi que ce soit, de se donner un "système", un gouvernement, un chef, une loi écrite ou un quelconque dispositif fonctionnant comme une machine mais une machine cependant, mûe par des hommes...
... Mais je conçois et j'intègre dans mon esprit qu'il y a un RISQUE, un risque certain et d'ailleurs naturel, même dans l'hypothèse d'une relation "la plus évoluée et la meilleure soit-elle" : le risque de la violence et de la cruauté et de la prédation, ce risque qui fait partie intégrante de la nature... Aussi le risque ne peut-il qu'être "accepté" (ou reconnu)... et jamais, en aucune façon, écarté ou éclipsé... au nom d'une idée selon laquelle "l'Homme deviendrait comme Dieu" ... C'est à dire un être "totalement bon et juste"...
Le risque, alors, étant reconnu, accepté en connaissance de cause... une question se pose : comment le gérer, ce risque ? ... C'est là, sans doute, un grand défi à surmonter... car alors, il semble qu'il n'y ait que deux alternatives : la violence contre la violence, ou la loi (et donc l'état) contre la violence...
J'essaye d'imaginer "une porte qui s'ouvre" entre les deux alternatives, une porte qui ne mène ni du côté de la violence, ni du côté de la Loi... Et, pour moi, ça commence avec la relation déjà... qui au départ, ne peut-être que ce qu'elle est, mais forcément évolue...
... Il faut dire aussi (et c'est indéniable) que la Loi, que l'Etat, est une forme de violence : une violence organisée et codifiée. Elle est -à la base- censée protéger, garantir, sécuriser... Mais elle se révèle en définitive inefficace (du moins en partie sinon souvent)...
Nous préférons la loi et l'état plutôt que "rien", parce que nous pensons "par la force des choses" que "rien" c'est pire que la loi et que l'état "en partie inefficaces"...
Ce "par la force des choses"... Est-ce que c'est une "fatalité" ?
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