Le journal de Kafka, par Marthe Robert
- Par guy sembic
- Le 27/10/2012 à 08:29
- Dans Livres et littérature
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Marthe Robert née le 25 mars 1914 et décédée le 12 avril 1996, est une critique littéraire Française, et l'un des plus éminents spécialistes de l'oeuvre de Frantz Kafka.
Dans sa jeunesse elle décida d'apprendre l'Allemand parce que son père ayant combattu durant la première guerre mondiale, était devenu un militant pour la paix.
Après ses études à la Sorbonne, Marthe Robert intègre l'université Johann Goethe à Frankfurt.
Elle fut une traductrice fidèle de l'oeuvre de Kafka.
LE JOURNAL DE KAFKA, traduit et présenté par Marthe Robert. (Le livre de Poche, biblio, 674 pages)
Ce combat entre Kafka et le monde, avait quelque chose de paradoxal…
Poète, Kafka se sentait différent du commun des mortels et par conséquent contraint d’affirmer sa singularité. Ce qui rendait inévitable sa lutte avec le monde.
Cependant, Kafka avait en même temps une autre préoccupation, un autre regard que celui d’un écrivain sans complaisance à l’égard du monde : il a voulu aider le monde à se défendre, en particulier par ce besoin qu’il sentait, de surmonter sa révolte (et plus généralement celle de l’individu), et de trouver la route ouvrant le passage vers une communauté vivante, celle des hommes coexistant ensemble dans une tradition, une culture, une histoire…
Ce journal est, selon Marthe Robert, « le témoignage le plus poignant de toute l’histoire de la littérature ».
« Nous avons été chassés du paradis mais le paradis n’a pas été détruit pour cela »…
Ce « paradis » n’était-il pas cette Connaissance, ou mieux peut-être, cette « vérité » originelle, totalement pure, en l'absence de tous ces mécanismes inextricables des codes et des procédures, de toutes ces lois et de tous ces systèmes politiques et économiques constituant un immense carcan ?
Retrouver ce " paradis qui n'a pas été détruit mais dont nous nous sommes nous-mêmes exclus" , apparaît donc comme une nécessité… D’autant plus que sa « redécouverte » s’ouvre dans une perspective encore plus belle et plus émouvante que sa découverte qui, à l’origine, n’en était qu'au début de son commencement...
En fait, ce n’est pas le « dieu » des Chrétiens, ni celui des Musulmans ou un autre « dieu »… qui nous a chassés du « paradis » : ce sont bel et bien nous, les humains, qui avons en partie, perdu la Connaissance, et qui avons cru retrouver cette Connaissance par la Science, par la Civilisation, par la Technologie, avec des lois édictées par les monarques ou par les parlements, par les codes et par les procédures sans cesse remaniés et adaptés aux évolutions politiques et sociales… Le plus souvent d'ailleurs, au bénéfice d’une minorité « privilégiée » d’humains…
Mais cette Connaissance existait avant que l’humain ne fût, ici ou ailleurs…
…Le Journal de Kafka, 674 pages. Un casse tête aux dires de certains, à la seule idée que l’on peut se faire de ce que suggère à priori, la lecture des écrits et des romans de Kafka…
Mais quelle pureté de langage ! Quelle précision ! Quelle minutie dans les moindres détails ! Et surtout quelle écriture !
... Je retrouve là, dans l'oeuvre de Kafka en général, et en particulier dans cette idée selon laquelle "le paradis n'a pas été détruit" et que " sa redécouverte pour autant qu'il en peut être, s'ouvre dans une perspective encore plus belle et plus émouvante"; et encore, "de ce besoin de surmonter sa révolte"... L'un des thèmes récurrents et privilégiés de ma propre pensée, de toutes les réflexions qui me viennent depuis mon enfance...
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