Mort à crédit, Louis Ferdinand Céline
- Par guy sembic
- Le 30/08/2019 à 16:07
- Dans Livres et littérature
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... Mais bon, on dit Céline tout court...
C'est peut-être la 3ème ou 4ème fois que je lis ce livre Mort à Crédit... J'avais commencé par Voyage au bout de la nuit, plus tard je me suis risqué à Guignol's Band...
C'est sûr que quand on lit Céline, ça ressemble à rien, à rien de rien de tout ce qui a été écrit comme livres sur cette planète...
J'imagine Céline naître en 1977 au lieu de 1894... Et à 42 ans il écrit Mort à crédit qui paraît en 2019... Je pense pas que ça s'appellerait Mort à crédit... Mais ça reviendrait au même...
Le Louis Ferdinand y'a des chances qu'il soit sur Facebook, sa page facebook longue comme le chemin de fer Lisbonne Vladivostok, ça n'arrêterait pas les points de suspension, le mots inventés pour désigner les choses, ses formulations, son vocabulaire... Oui j'imagine tout ça, son écriture à nulle autre pareille, dans l'environnement du monde d'aujourd'hui avec les smartphones, l'internet, les technologies nouvelles, toutes les couleurs du temps d'aujourd'hui, tout ce qu'il en dirait, en écrirait, de ce monde qui marche sur la tête avec tous les enfoirés, les vendus, les pourris qui font crever la planète... Délirant mais version premier quart du 21ème siècle...
Je sais pas s'il serait sur Twitter... Peut-être... Sans doute... Peu importe... De toute façon je le vois pas, le Louis Ferdinand, en 140 caractères, faire des raccourcis... En effet, pas mal de formules langagières sont pas très compatibles, telles quelles, brutes et isolées, expurgées de tout le contexte qui va avec...
Et qui le lirait ? Il serait peut-être noyé dans la masse, on le zapperait, c'est pas sûr qu'il fasse un tabac comme le Céline de 1932 avec son Voyage au bout de la nuit... Et encore moins avec son Mort à crédit de 1936 au moment du Front Popu, ou avec son Guignol's Band de 1944...
C'est que les temps ont changé... En fait, y'a juste que l'internet facebook twitter les smartphones en plus ; on se fringue pas tout à fait pareil, et y'a un peu plus de monde sur terre, et surtout tout le monde écrit poste diffuse publie produit et ça va jusqu'à la vidéo de Yohan le bébé qui fait sa première dent et au "bourricot-à-versaire" de Jennifer en ensemble pantalonant qui se fout du gâteau sur le chemisier après avoir soufflé pas assez fort sur les bougies...
Il est plus là Céline pour nous causer du Grand Merdier Général et occire de sa verve tous ces enfoirés, ces emplumés, qui tous ou presque se la pètent leur culture leur Ego avec leurs lecons d'morale et pour certains leur athéïsme qu'est pire que la religion, leurs putains d'bouquins qui font la Une des étalages Leclerc Culturel, leurs coucheries, les salons du livre où ils se pavanent comme des dindons et font de la dédicace au kilomètre...
C'est que Mort à crédit, ça c'est d'l'autobiographie ! D'la vraie! Du foisonnant, du délirant, du littératoque inimitable, ça pue, ça sexe, ça se torticole dans tous les sens... Tellement que, trois phrases avec deux séries de points de suspension plus tard, tu te souviens plus, il te faut relire et encore t'es pas plus avancé dans la mémorisation, du coup le livre tu le lis 4 fois mais seulement si tu ressens en toi cette écriture comme de regarder sans pouvoir la quitter des yeux une fille laide d'apparence mais dont le chien t'accroche par son visage, son habillement, ses gestes, sa voix, tout son tra-la-la... C'est ça Céline... Et ça n'a rien à voir avec "Cé-Cé-Cé- Célimène..." qu'on recyclait dans les bals de mariage à 4h du matin à la soupe à l'oignon dans les années 90...
L'anarchie dans l'écriture... à défaut d'être dans le monde la vie qui court la société... ça la fait exister l'anarchie sans exister au vrai... C'est déjà pas mal !
C'est pas la dentelle avec 2/3 accrocs volontaires bien étudiés, des romans d'terroir avec des amours ratés et des belles baraques et des intrigues tarabiscotées... C'est pas la fulozofu de tous ces granpenseurs qu'en sont à leur 4ème, 5ème essai sur un truc d'l'état du monde !
... "J'en ai bien marre des égrotants... En voici trente emmerdeurs que je rafistole depuis tantôt... J'en peux plus... Qu'ils toussent! Qu'ils crachent! Qu'ils se désossent! Qu'ils s'empédèrent! Qu'ils s'envolent avec trente mille gaz dans le croupion!... Je m'en tartine!... "(Page 15, collection Folio)...
... Y'en a des comme ça tout le bouquin, et le comédien (ou la comédienne) qui serait capable de réciter tout ça sur scène, appris par coeur... Il est pas encore né ! Il faudrait déjà s'il existait, ce comédien ou cette comédienne, qu'il déclame tout ça, pas comme le font, bien théâtral et consensuel de la récitation, les liseurs de textes sur scène !
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