Mort en fraude, de Jean Hougron

Mort en fraude

… Jean Hougron est un auteur Français, né le 1er juillet 1923, mort le 22 mai 2001.

En 1953 il se voit attribué le Grand Prix du Roman de l’Académie Française.

Né de parents bretons, fils de cheminot, en 1947 âgé alors de 24 ans, il travaille à Marseille dans une société d’Import-Export, qui l’envoie en Indochine où il exerce durant cinq ans, divers métiers dont chauffeur de camion, ramasseur de benjoin, marchand de bière…

Il mène donc une existence difficile, précaire et il est confronté à ce qu’est en cette époque, de 1947 à 1952, la péninsule Indochinoise sous la domination de la France (Viet Nam, Laos, Cambodge), à ce qu’est aussi, la société qui l’entoure, très inégalitaire, corrompue, hypocrite et arrogante de la part des Européens mais également de la part des “nababs” ou des “seigneurs locaux”, tous trafiquants et corrompus, Asiatiques, Chinois…

En somme, le “paysage social” qui constitue le “fond dominant du tableau”, dans ce roman “Mort en fraude” ; est un “paysage social” que l’on retrouve d’un bout à l’autre des empires coloniaux Français et Britannique…

Cruauté, bassesse, trahisons, orgueil démesuré, privilèges, puanteur et obscénité de ces “cercles” de privilégiés, fatalisme, indifférence, révoltes réprimées dans le sang, compromissions, trafics, etc. … Tout cela dans une grande violence sur fond de racisme et de ségrégations “officialisées”…

Horcier, le personnage principal dans ce roman, est très malchanceux, dès son arrivée à Saigon à la sortie même du port, sa vie bascule dans la précarité… Il rencontre Anh, une jeune femme vietnamienne dont les parents vivent dans une province du Nord Vietnam contrôlée par le Viet Minh ; une relation difficile – mais forte – s’établit entre Horcier et Anh…

Un personnage “hors du commun”, ce Horcier, d’une pureté, d’une intégrité, d’un courage, d’une sorte d’ “humanimalité ” - dis -je - en lui qui le rend proche de ce que ressentent les gens autour de lui…

 

Un extrait, page 324 :

 

“Sur son passag, les gens se retournaient. Deux sous-officiers français, installés à la terrasse d’un restaurant, échangèrent à haute voix des réflexions méprisantes sur sa tenue. Il les entendit, mais ne se détourna pas. L’un des militaires avait dit : c’est des gars comme ça qui fichent en l’air le prestige qu’on avait autrefois dans ce pays. Horcier pensa : il n’a pas tout à fait tort. Restait seulement à savoir ce qu’il fallait penser d’un prestige simplement édifié sur les signes extérieurs de la puissance. Le prestige de l’homme blanc à la colonie lui semblait parfois ravalé au niveau du “qu’en dira-t-on” des petites villes de province.”

 

… Un livre, dirais-je… “Fort et marquant”…

 

 

Jean Hougron

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