La puissance ou la vanité des mots
- Par guy sembic
- Le 15/02/2011 à 21:57
- Dans Pensée, réflexions, notes, tags
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Je comprends l'idée de "puissance des mots" lorsque, des mots viennent les actes, les choix, les décisions, les comportements, les réalisations...
Je comprends que par les mots, l'on puisse maudire ou bénir, élire ou exclure...
D'ailleurs - et je le dis avec une certaine "gravité"- je comprends "beaucoup de choses" de tout ce qui se dit et s'écrit... à ma manière cependant. Et alors même que, tout à fait paradoxalement, je n'accepte pas "beaucoup de choses" de tout ce qui se dit et s'écrit soit dans l'émotion du moment, soit parce que "tout le monde ou presque le dit"...
Il y a à mon sens, dans les écrits du genre "journal intime" ou "récits et anecdotes de sa vie" ou ce qu'il est convenu d'appeler "autobiographie"... Et que l'on voit fleurir, se répandre, se jeter dans trois cent pages de livres ou sur des blogs ou sur des forums, tout comme l'esseulé qui se jette sur un sommier en pensant à une femme... Quelque chose d' aléatoire, de souvent malsain; parfois tragique, quelquefois drôle mais presque toujours assez vain...
Il y a à mon sens dans les propos sur toutes sortes de sujets d'actualité, de politique, de vie ou de "morale philosophique", que l'on voit aussi fleurir, se répandre et se jeter dans les livres qui ne sont pas des romans d'une part, mais surtout sur les blogs et les forums du Net d'autre part... Quelque chose de tout aussi aléatoire, malsain, tragique, drôle... Et tout aussi vain...
C'est vrai : un livre, à partir du moment où il est diffusé, vendu, existera toujours quelque part, dans quelque recoin, sur une étagère, dans un carton de vide grenier... (on ne peut brûler ou détruire si l'on s'y résoud, que l'exemplaire de ce livre que l'on a chez soi)... Par contre il suffit d'un clic sur le clavier d'un ordinateur pour supprimer définitivement un blog, un site, un forum même...
Soit dit en passant, il me semble difficile d'imaginer un blogueur supprimant son blog, sur le seul propos inamical de quelque "givré" ou sur le commentaire sévère mais justifié de quelque personne "ne mâchant point ses mots"...
Il serait – peut-être- plus probable quoique "assez peu banal" d'apprendre qu' un blogueur a supprimé son blog comme il se serait suicidé...
... Et il y a aussi le silence... Le silence comme une sorte de "réponse" à ce qui vient d'être exprimé par l'Autre, par les Autres... Et pouvant être interprété de si différentes façons toutes plus ou moins justifiables... Il y a le silence du consentant, le silence de l'indifférent, le silence du furieux, le silence du blessé.... ou encore le silence par incapacité de répondre...
Je n'aime pas le silence qui hurle... Le silence ne devrait jamais hurler : il est pire, alors, que de crier, et même que de "crier sur les toits"... Et c'est, je crois, l'un des plus mauvais refuges, que le silence qui hurle...
Il y a de ces refuges que finalement l'on trouve dans ce que la peur même de la confrontation nous force à surmonter : la peur de la confrontation devient alors si insupportable et d'un espace si fermé, que l'on se jette dans la perspective de cette confrontation comme dans les eaux supposées glaciales d'une rivière en furie... Mais les eaux ne sont peut-être pas glaciales, et la rivière, peut-être pas en furie mais animée d'un courant porteur...
De ces refuges que l'on trouve aussi dans l'interrogation, dans le doute, dans la dérision, dans l'incertitude et dans la reconnaissance du caractère aléatoire des choses, des êtres, de la relation, des dits et des écrits... Ce sont des refuges dans lesquels on souffre, mais qui demeurent ouverts...
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