suite 2 des lettres particulières
Le 19 avril 2004 à Laurence COHEN, membre de l’ exécutif en charge de la Commission pour les droits des femmes,
Si vous partagez mon propos au sujet de la célébration annuelle de la Journée de la Femme, sachez qu’en tant qu’homme et marié depuis bientôt 30 ans, je suis et je m’efforce encore plus d’être un ardent défenseur de la Féminité.
Toutefois je n’ érige pas le « Féminisme » en culte suprême, parce que, étant très attaché à une certaine liberté de pensée et ayant toujours fait le choix d’une indépendance d’esprit par rapport aux idéologies, aux systèmes politiques, aux religions, aux modes et aux diverses tendances de notre temps, je n’ ai que des engagements liés à des choix ou situations de réalité. Je pense cependant que, si les femmes avaient plus de pouvoir, étaient mieux reconnues, et seraient appelées à de grandes décisions, le monde serait alors un peu moins dur qu’il ne l’est avec tous ces hommes si nombreux et si exclusifs qui dirigent et décident.
Il y a dans la féminité quelque chose de « magique », d’impalpable et de très émouvant… Dis-je.
Le sens de mon engagement s’ articule autour de l’idée qu’il faut aimer, partager, secourir, écouter, connaître et comprendre… Tout cela avant même d’ adhérer, de souscrire, d’encenser, ou de prétendre détenir la « vérité ». Et cet engagement là je le vis comme un combat, j’en accepte toutes les difficultés.
Je vous invite à découvrir ma pensée en lisant deux livres dont je suis l’ auteur :
Dans un premier ouvrage qui s’intitule « Au pays des guignols gris », j’ évoque, dans un récit d’ aventure et de fiction, un monde quelque peu différent du nôtre, avec un « espace de communication ».
Le deuxième livre, qui va prochainement sortir aux Editons du Manuscrit, traite de différents sujets d’ actualité de septembre 2001 à octobre 2003, suivis de textes, notes et réflexions personnelles : « Quel monde possible ? »
« Au pays des guignols gris », œuvre de fiction et d’ anticipation, est disponible sur amazon.fr ou editions-benevent.com ou fnac.com ou alapage… Au prix de 23 euro, 432 pages, numéro ISBN 2-914757-51-4 parution octobre 2002. Lire également la présentation sur le site bettybook.com
Je suis sûr que ce premier livre de moi, ainsi que le second qui va paraître d’ ailleurs, peut vraiment être lu par des femmes. En quelque sorte, mon écriture, qui évolue depuis l’ âge de 15 ans, sans cesse revue et corrigée, jamais définitive et engagée contre « le sens du monde », s’ apparente à un combat. Je n’ aime pas ce qu’on voit partout dans le monde, c’est à dire : les « élus » d’un côté, et les « pas élus »( ou les « ulumunus ») de l’ autre… Mais tout cela, je vous propose de le découvrir…
Vous savez, même si je ne suis membre d’aucun parti et même aussi farouchement libertaire que je le suis, en fait je me sens proche de vous, proche des femmes et des hommes de ce monde.
Bien sincèrement,
A Monsieur Yves HARTE, Rédacteur en chef du journal SUD-OUEST le 25 mai 2004
J’ ai pu constater que dans vos pages d’ opinions du samedi ainsi d’ailleurs que sur la page du courrier des lecteurs de l’édition du dimanche, et cela depuis le début de cette année 2003, une certaine ligne se dégageait de l’ensemble de tous ces courriers.
Il est vrai que l’ actualité, cette année, incite beaucoup de lecteurs à émettre des opinions parfois un peu « dérangeantes », cela dépend bien évidemment de la diversité des sensibilités… Toutefois, il semble que la « droite ligne » sur laquelle se positionne votre journal en matière d’ opinions, accepte néanmoins des marges situées sur des frontières qu’il ne faut surtout pas franchir. De tels courriers, au bord des marges, trop rares à mon avis, mériteraient cependant d’ être présentés à vos nombreux lecteurs.
La pollution des côtes, en janvier et février ( cela continue d’ ailleurs ), la guerre en Irak, la réforme des retraites et la décentralisation dans l’ Education Nationale, ont été pour l’ essentiel ces « sujets brûlants » de l’ actualité qui ont provoqué la colère, l’indignation et parfois la révolte de bon nombre d’ Aquitains. Dans un tel contexte évènementiel, le volume des courriers ne pouvait que croître, ce qui, toujours selon la ligne éditoriale que vous vous fixez, implique peut-être des sélections parfois arbitraires, ou fondées sur quels critères ? L’influence de certains hommes politiques, de chefs, de patrons ou directeurs d’ entreprise, serait-elle supposée ou réelle ? J’ ai également pu constater que d’ autres grands quotidiens ou hebdomadaires régionaux, dans notre pays, ainsi que des journaux à diffusion nationale, d’ ailleurs, sur tous ces « sujets brûlants », ont permis à des lecteurs de s’exprimer dans des limites qui semblaient plus « élargies ». Je n’ attends aucune réponse de votre part, sinon votre silence ou votre indifférence… Sans doute ce message sera-t-il lu par l’un de vos collaborateurs qui, d’un œil distrait par la diversité de l’ actualité, ne jugera pas nécessaire de vous le transmettre. De surcroît, vos collaborateurs, et plus précisément ceux qui ont en charge la préparation des pages d’ opinions, doivent-ils, toujours selon la ligne directrice et l’esprit du journal, s’en tenir pour la sélection des courriers de lecteurs, aux règles établies et programmées d’ avance…
« SUD-OUEST, une plus grande place dans votre vie… » Tel est votre adage. Je n’en doute pas, je le crois très sincèrement parce que votre journal est acheté par plusieurs centaines de milliers de personnes. Au fond, c’est cela, la vraie et seule référence…
AUX COPAINS DE LA POSTE A ST JULIEN EN BORN
Voici un petit commentaire sur la journée de la Femme, que j’ai « internetisé » dans plusieurs journaux, dont Sud Ouest pour dimanche prochain… Mais Sud Ouest Dimanche depuis le 10 octobre dernier ne me publie plus ce qui me chagrine quelque peu dans la mesure où certaines personnes que j’aime beaucoup et qui me lisent avec plaisir doivent bien se demander pourquoi j’écris plus alors que j’écris toujours. Deux mois que je vous ai quitté, déjà ! Le froid, le gel et le vent du nord sévissant depuis fin janvier je n’ai encore pas pu faire la sortie dont je rêvais en pays de Born. A part 2 ou 3 vendredis où je suis allé à midi manger à Lévignacq ou Lit et Mixe, pour les « expédirions pirate » en vélo du côté de Saint Jules les Bornes, c’est râpé et voilà déjà les jours de mars qui caracolent… Et le joli visage et la gentillesse à crever de régal de Geneviève de Bias (entre autres)… provisoirement remisés jusqu’ à des jours plus chauds. Il me siérait fort que l’un ou l’une d’entre vous ait une adresse internet (et non pas intranet) à me communiquer afin que je puisse via « cassiopée » vous transmettre de temps en temps ma prose, au lieu de glisser des feuilles de papier dans des enveloppes de la poste adressées La Poste St Julien… Le samedi 2 avril s’il y en a parmi vous qui sont disponibles, venez m’écouter au café des 2 « baleines » à Onesse Laharie à partir de 19 heures. Y’aura aussi YAYA DUBOURG et quelques « tordus » de ROUE LIBRE. Je me suis décidé à faire cette « représentation » dans ce café là, en accord avec Yaya, plutôt qu’au cinéma de Contis où ma « côte » auprès de Betty et Rainer si l’on peut dire ne semble guère à la hauteur de ce que j’eus pu croire en ces temps bénis où je traînais mes rêves et mes basques dans le grand hall d’accueil au beau milieu de tous ces cinéphiles branchés clope au bec et verbe transcendant… Enfin toujours est-il, et c’est de justesse que Betty et Rainer concèdent dix centimètres carrés de leur ciné au numéro mensuel de Roue Libre, ce petit fanzine pirate quand même lu en pays de Born… par des gens avec lesquels une longueur d’onde de convivialité s’établit sans contrefaçon. Oui, à ROUE LIBRE, il faut savoir que les hypocrisies et les contrefaçons, on s’y assoit dessus. Roue Libre n’est pas de la « culture kitsch ». Cela ne souffre même pas la comparaison avec Charlie Hebdo et la « Philo-xéra » de Martin Val. Après tout si ces « 2 baleines » d’Onesse se révèlent être finalement de chics filles en dépit de leurs monumentales rondeurs, c’est bon à prendre et ça fera de la pub et de la recette pour leur bistrot. Demain matin jeudi 10 mars je vais à la manif à Mont de Marsan. Je sais pas si on va « casser du DESRUES »… Ou du baron Seillère, mais je pense que les postiers seront dans la rue pour dire non à ce que nous serinent les gros culs pleins de pez et bouffis de morgue. Quoi qu’il en soit, chers vous tous et toutes, sachez… Et n’oubliez jamais qu’en définitive, les trois derniers mois que j’ai bossé chez vous à la poste de St Julien furent… et de loin les meilleurs mois que j’ai pu passer en six ans à la poste des Landes. Je ne puis en dire autant des trois premiers mois ( février mars avril 1999). Vous avez un bon « relationnel » et même si comme partout, il peut y avoir occasionnellement quelques tiraillements, je vous situe chacun d’entre vous « largement au dessus de la moyenne » et c’est pas peu dire ! Le 11 mai 2005 à TEF, membre d'alexandrie.org Merci pour ta réponse ! Je suis même allé sur un site, je ne sais plus lequel, où j’ai lu tout ce que tu dis sur l’édition en ligne, l’expression en général sur le net et la « cacophonie » des sites, blogs et autres forums en général… Je te dirais qu’en fait, si je vais sur le Net, c’est pas forcément pour avoir beaucoup de lecteurs… Et je pense que je ne suis pas le seul, loin s’en faut, à penser cela ! Mais c’est un excellent chemin pour rencontrer ses amis, ou ces quelques personnes avec qui on peut discuter de choses qu’on discute pas forcément avec son voisin de pallier ou les membres de sa famille ou ses collègues de travail… Est-ce qu’une pensée peut vraiment évoluer dans la solitude ? N’a-t-on pas besoin en permanence de recevoir une autre « vision du monde », d’être confronté à d’autres sensibilités ? Il a assurément plein de choses qu’on ne réalise pas soi même, dont on n’a pas idée… Alors, les réponses, convaincantes ou non, oui, elles sont nécessaires ! Le tout, c’est de demeurer libre et responsable… LE 6 JUIN 2005 A WOLAND, membre d'alexandrie... Le style épistolaire me serait donc familier et « je m’y défendrais assez bien » selon quelques personnes de mon entourage… Non ! Je n’ai pas fait d’études ! A l’âge de 19 ans en 1967, je redoublais une 1ère C au lycée Victor Duruy de Mont de Marsan. Normalement, le proviseur, monsieur Guinez, acceptait que je redouble ma 1ère en série A. Je souhaitais en effet m’orienter vers la philo et des études littéraires. Mais monsieur Mula, le censeur, n’a pas été de l’avis de monsieur Guinez parce que je venais du « moderne » depuis la classe de 3ème. J’ai donc redoublé ma 1ère M dans une 1ère C4, ce qui me fut fatal. Comment un 15 en Français dans cette classe pouvait-il compenser un 1 en maths et en sciences physiques ? Le bulletin du 3ème trimestre ne me surprit guère : « Est prié de choisir une nouvelle orientation »… J’étais donc « viré ». Entre temps j’étais classé 293 sur 1500 reçus au concours d’agent d’exploitation des Postes du 17 novembre 1966. Pour autant que je me souvienne, à l’école je n’étais vraiment bon qu’en Français. Enfin, pas toujours ! Cela dépendait du sujet. Ainsi en classe de 6ème au 1er trimestre j’ai eu pour sujet « vous accompagnez votre mère au marché, racontez ». Résultat : 6/20 et classé 26ème sur 37. Par contre en classe de 3ème avec monsieur Hébert, au lycée Victor Duruy, j’étais premier avec 14 à chaque trimestre. Et en 1ère C avec une jeune femme qui ne notait jamais au dessus de 14, j’étais premier avec 15 et une fois même 18 ! Il est vrai que le sujet m’avait fort inspiré : culture et communication dans le monde d’aujourd’hui. D’ailleurs l’un de mes copains de la Poste des Landes, devenu conseiller en patrimoine en 2002, m’a déclaré un jour dans une réunion : «C’est grâce à toi que je suis entré à la poste en 1968. Pour l’épreuve de Français, j’ai eu le sujet de ta composition en classe de 1ère et je me suis servi de mémoire de ta copie qui fut présentée comme corrigé type ». Et pourtant dans la classe de cette jeune femme, j’étais de la bande des plus gros chahuteurs et contestataires… Mais jamais consigné comme mes camarades ! Confusément je sentais ce « quelque chose en moi » qui me dépassait, dont je n’étais pas propriétaire et auquel beaucoup se ralliaient. Ainsi les « lèche-cul » du 1er rang et les « chenapans » du dernier banc me voulaient de leur côté. Mais je les emmerdais tous et quand j’avais envie d’être gentil – et alors je l’étais vraiment-, je ne regardais pas s’ils étaient apaches ou beaux gosses… Pour leur part, les professeurs à l’exception peut-être de monsieur Lafitte, le prof de gym et de « Pepone » celui d’Histoire, semblaient accepter mes incartades, mes chahuts et mes « drôleries ». Et même monsieur Guinez, le proviseur. Mais pas monsieur Mula, le censeur, éternelle silhouette cadavérique en imper caca d’oie. Le « top du top » fut la classe de 3ème en 1964. Cette année là je fus premier partout même en mathématiques avec le rigoureux monsieur Cabannes. Je reconnais que lors de cette mémorable année scolaire, le statut de « vedette » dont je bénéficiais auprès de mes camarades et d’un certain nombre de profs, me convenait parfaitement. J’organisais dans la cour de récréation de « grands débats philosophiques » alternant avec des parties acharnées de « paillasse », de rugby ou de « quetche » (jeu de balle au mur). Au réfectoire les grands de terminale et de première me réservaient une place de choix entre eux. Je leur passais en effet mes brouillons de composition Française. J’étais donc la « vedette » du lycée, encouragé… ou toléré par les « Autorités », vénéré de mes copains, reconnu par les « Grands ». Mais j’avais 16 ans ! Avoir vécu de tels moments, au moins une fois dans sa vie, surtout à cet âge là, ça fait tout de même du bien ! Aussi cette année 1964 au lycée Victor Duruy à Mont de Marsan, fut elle, avec les années de Tunisie et celles d’Algérie, des meilleures et des plus émouvantes de ma vie ! Au dortoir où nous étions 30, bien avant que ne sonne l’angélus du matin et que ne retentissent sur le plancher les pas cadencés du « schpountz » (veilleur de nuit), à cette heure de la nuit finissante qui est elle de ces « rêves visionnaires » ; éveillé et tout bouillant de « vie intérieure », j’observais les visages endormis de mes camarades et j’écoutais avec une certaine émotion leur respiration. Il me semblait alors que leurs souffles, leurs râles et leurs haleines s’apparentaient à des paroles ou des confidences. Et c’était bien là comme un murmure de torrent de montagne jailli de la source. Les plus beaux jours et les plus belles nuits furent cependant ceux et celles du samedi et du dimanche lorsque, par préférence, pour cette atmosphère et cette convivialité entre nous, d’un petit groupe d’internes, je décidais de passer le week end au lycée. Lassus et Lasserre, les éternels consignés du dimanche que monsieur Mula ne graciait jamais, rejoignaient notre groupe et nous passions la soirée du samedi devant la télévision en « noir et blanc » au foyer, ou bien nous confrontions nos talents de stratèges dans d’interminables parties d’échecs. En ce temps là, nos deux chaînes de télévision ne nous déversaient pas ces émissions de télé réalité genre Star Académy, La Ferme ou Les Colocataires et autres imbécillités anesthésiantes. Et les nuits du dimanche, les pas cadencés du « schpountz » avaient bien une résonance particulière, la « parole respiration » des camarades révélait encore mieux ce « plus vrai d’eux-mêmes à nul autre pareil ». J’avais donc 16 ans et de la candeur ! Mais je dis aussi que si je n’avais pas eu ces copains là, ni certains professeurs, pour m’encourager et m’inspirer, sans doute n’aurais-je point exprimé tant par mes paroles que mes écrits ou mon comportement, tout ce que je ressentais et que j’avais envie de partager. En d’autres lieux et autres circonstances de ma vie, je n’ai pas ainsi « ouvert mon ciel ». Sans « atmosphère », sans vraie convivialité, et si, selon mon expression « là où tu te trouves, personne ne t’existe »… alors, il n’y a plus de bonhomme. La coquille ne s’ouvre pas Les groupes que nous formions en cour de récréation autour de ces « débats philosophiques » étaient assez restreints, je le précise. Devant une assistance ou un public beaucoup plus élargi, je n’aurais certes « pas fait le poids » car je n’étais ni un orateur ni le genre de personnage « fort en gueule » à monter sur les tables pour prononcer un discours enfiévré. Je faisais parfois rire en à crever avec mes réflexions pirates et mes pitreries. Alors que passaient les semaines puis les mois de l’année scolaire, je réalisais que mes meilleurs copains n’étaient pas toujours ceux avec lesquels j’avais des discussions sur les longueurs d’onde les plus favorables. Parfois, les moqueurs et les « durs »… Et même les indifférents, me surprenaient. Le 17 juillet 1967 je suis entré à la Poste au centre de tri de la gare PLM à Paris où je devais exercer les fonctions de trieur de lettres et paquets jusqu’en 1976, année de ma mutation pour les Vosges. Cette culture dont tu parles et qui selon toi serait relativement étendue, n’est cependant pas si importante. J’ai lu Zola, Simenon, Gide, Camus, Sartre, Kafka, Mauriac, Hugo, Pagnol, St Exupéry et bien d’autres, je suis assez fort en Géographie, en Histoire, Astronomie et Sciences de la vie et de la terre, mais pauvre en économie, sciences physique, mathématiques, sports… Et vie et actualité des stars, vedettes ou autres personnages charismatiques des milieux littéraires et du music-hall. Lorsqu’il m’arrive par exemple de consulter « Le monde des livres » du vendredi, je suis « complètement largué ». Tous ces auteurs, toutes ces nouveautés… Je lis les résumés, les commentaires, les biographies sommaires rédigés par les journalistes, avec le « parcours » de ces gens là. Alors je me dis « Mais que puis-je dire de plus ou autrement qu’eux ? ». La « profondeur » de mes textes, que tu évoques, me vient tout droit de cette si drôle, si tragique, si belle et si émouvante traversée de la vie. Je la dois pour l’essentiel à ma mère et à mon père, à mon enfance peu ordinaire et à tous ces visages du passé ou du présent qui entrent dans chaque période d’existence. Lorsque j’ai passé le concours des Postes en novembre 1966, j’ai eu pour sujet de Français : « On ne s’égare jamais si loin que lorsque l’on croit connaître la route ». Aujourd’hui, à l’âge de 57 ans je n’ai toujours pas de ces confortables certitudes qui rassurent. Les points d’interrogation de mon enfance sont peut-être encore plus nombreux, je n’ai jamais « construit ma vie » ni souscrit à des modèles de pensée. Même les anarchistes n’auraient que faire de moi dans leurs rangs… Si je devais me situer, sans doute serais-je positionné dans ce petit groupe d’étoiles inconnues et non répertoriées sur les cartes du ciel, à l’extrémité du dernier bras de la spirale. Et de l’autre côté, là où aucun astronaute ne s’est risqué, tout est à découvrir… Ou redécouvrir. N’avons-nous pas à certains moments de notre vie, de ces intuitions aussi fugitives que bizarres qui semblent dessiner dans notre mémoire des souvenirs plus anciens que notre vie ? C’est ce que je ressens parfois dans les visages qui m’émeuvent, dans le regard de cette « autre bulle de solitude »… Ma cousine Marie Françoise Campa, qui habite à Mont de Marsan, m’aime beaucoup et que je chéris d’autant, a dit un jour de moi : « Guy est un être profond ». Mais comme je l’écris dans « A quoi ressembl’je ? » ou dans un autre texte, le témoignage de ma chère cousine dans un tribunal où je devrais comparaître, serait déclaré caduc… Au fond, ce qui me conforterait vraiment, ce serait plutôt le jugement de mes plus féroces contradicteurs, le jugement même des condescendants et des moqueurs… Pour peu qu’ils reconnaissent tacitement ce « quelque chose en moi » dont je ne suis pas propriétaire. Parfois en dépit de mes révoltes et de mes violences, de mes insolences et de mes inconsciences, il m’arrive de penser à ce que j’ai lu dans la bible au sujet de Jésus qui parlait de tendre l’autre joue. Ne vaut-il pas mieux se laisser tuer sur place plutôt que de vivre à genoux, enchaîné par tout ce que le monde nous impose ? Si l’idée que tu te fais de ma culture me surprend, saches que je suis encore plus impressionné, non seulement par ce que vous exprimez les uns et les autres dans les forums d’alexandrie, mais aussi par vos différents profils. J’ai pu constater que la plupart d’entre vous ont écrit des livres, font état d’une expérience assez « riche », d’une formation universitaire ou animent des sites littéraires. Très franchement, mais sans toutefois me sentir étranger dans ce « bouillon de culture », je prends tout de même conscience de certaines lacunes… Qu’une vie jamais construite et des motivations sincères mais ombrageuses et désordonnées n’ont pu combler. Quoi que je puisse dire ou écrire, je n’ai ni les « bagages », ni la formation universitaire ni les références. Ma « philosophie » demeure celle du poète anarchiste du bistrot du coin, certainement pas celle d’un Deleuze ou d’un Paul Ricoeur, loin s’en faut ! Oui, c’est vrai : je peste souvent contre les intellectuels, je les définis comme des personnages ne vivant pas dans le même monde que les gens de la rue et de la vie ordinaire. Mais bon sang ! Que je sache ! Ces gens-là ont étudié, passé des examens, des concours, ont été confrontés à des jurys, ont du « plancher » sur un sujet ou une épreuve pour obtenir un résultat. Cela, c’est la réalité. Moi, je n’ai rien fait de tout cela, je ne sais pas ce que c’est le stress de l’épreuve, l’angoisse du résultat, l’appréhension devant un jury ni l’enjeu capital pour l’entrée dans une grande école, l’obtention d’un BTS ! C’est beaucoup plus facile et moins référentiel de se faire soi-même une culture générale que de d’assister à des cours, de préparer des mémoires, de suivre un programme et de passer des examens. Or, c’est ce que vous avez fait pour beaucoup d’entre vous, les membres d’alexandrie… Et tous ces gens plus ou moins reconnus des milieux littéraires. Comment un « YUGCIB », qui n’a ni bagages ni références, même en alignant ses milliers de pages sur des forums ou sur un site internet, pourrait-il se définir « écrivain » alors que des milliers de gens bagagés et référencés ont tant de peine à se faire lire, à trouver un éditeur pour leurs œuvres ? Et que représente finalement une petite publication par ci par là, un petit prix, une petite distinction ou quelques lignes dans un journal ? Il faut quand même savoir comment le monde fonctionne, même avec un cœur qui saigne devant la manière dont ce monde se meut ! L’absurdité, l’injustice, la violence, la barbarie, l’hypocrisie ne sont pas des raisons suffisantes pour rejeter le monde. Les mauvaises herbes, c’est aussi la vie. Il n’y a aucune raison valable de rejeter le monde. Si je croyais en Dieu je dirais que la plus belle preuve d’amour que Dieu a donné à l’homme, c’est de lui avoir laissé le libre arbitre en face de la Connaissance. Le vrai résultat ne peut être atteint qu’au prix de ce risque là : celui du libre arbitre. Sur Terre ou ailleurs, tout a un prix… Une dernière chose, Woland, avant de te quitter… Il faut oser voir GRAND, BEAU, FORT, et différent du sens commun, dans la vie… Cette ambition là me semble parfaitement compatible avec des vertus aussi essentielles que l’humilité et la bonté. Autrement dit, ne pas baisser les yeux en face des moqueurs, des condescendants, des indifférents ou des pourfendeurs. Ne pas vouloir « péter plus haut que l’on a le cul », reconnaître la valeur et la force des gens mieux armés que nous sans pour autant se sentir « à la traîne » avec les yeux dans les chaussures, sauvegarder l’indépendance de son esprit. Peut importe après tout que nous ne soyons RIEN sur Terre et dans l’univers, peu importe le fétu de paille de notre existence, peu importe la vanité de nos ambitions puisque chaque instant de notre vie est une petite éternité à nulle autre pareille, une seule fois vécue, ayant existé envers et contre tout, seule ou reliée… « Il semble qu’il y ait des écrivains qui s’efforcent de vivre selon ce qu’ils pensent, tel Gaston Bachelard, et d’autres qui ne pensent qu’en fonction et dans les limites de ce qu’ils vivent, tel Albert Camus… …Retrouver l’homme selon sa dimension primitive et donc authentique, tel a toujours été le souci d’Albert Camus. » ( CAMUS, par André Nicolas ) Voilà… J’ai fini. Du moins pour aujourd’hui. Alors dis moi, très sincèrement… T’es tu ennuyée en me lisant ? A MADAME LA BILIOTHECAIRE EN CHEF de Dax et son employée modèle, ce jeudi 23 juin 2005,
Pouvez vous chère madame m’expliquer la différence dont vous faites état entre vos livres à code barre et vos livres ne comportant pas ce code barre ?
Je demeure à Tartas. Je ne suis donc pas de Dax. Il semble que selon votre classification des lecteurs ou abonnés de votre bibliothèque, la communauté urbaine de Dax ne s’étende pas jusqu’à Tartas, ville située à 20 minutes en voiture par la route à quatre voies.
Vous m’avez donc refusé les livres que je venais de choisir, soit deux livres de la littérature Française à couverture cartonnée et illustrée qui ne comportaient pas comme d’autres livres de catégories différentes, ce code barre bien apparent en milieu de couverture.
Il eût fallu n’étant point un abonné de la ville de Dax, et même disposé comme je l’étais à m’inscrire pour l’année en cours, 8 euros, que je choisisse des livres à code barre…
Chère madame dans les rayons de votre bibliothèque, les livres de littérature Française sont presque tous sans code barre. Devais-je donc me rabattre sur des séries de livres à la disposition du grand public, c'est-à-dire sur ces livres plus autorisés que le curiste moyen ou le lecteur lambda classique choisit pour se distraire ou se mettre au diapason de la mode de ce qui se lit habituellement ?
Je pensais qu’une bibliothèque était un temple de la culture. Oui, c’est vrai : il en faut pour tous les goûts !
Ainsi ai-je du abandonner Proust et une anthologie de lettres d’écrivains sur votre comptoir… Pour une « petite histoire » de code barre.
J’étais donc dans le rang aux côtés d’élégantes dames en robe d’après midi, ce « mouton noir » que vous invitiez à choisir d’autres livres… Et pour ainsi dire – n’ayons pas peur des mots—un exclu !
Pour conclure chère madame, je vous dirai qu’à l’âge de 6 ans lorsque mon maître ou ma maîtresse à l’école me déclarait « C’est interdit », j’exigeais qu’on m’explique. Et si, en guise d’explication, je recevais une baffe ou un coup de règle sur les doigts, je tapai sur la table quand je ne la renversai pas !
A Yaya,
Merci, chère Yaya pour les détails que tu me donnes sur Musicalarue. Je vous imagine, Philippe et toi, avec vos nez rouges, devant un public de jeunes, impromptu et 'décalé' par rapport au 'rouleau compresseur' des orchestres et des spectacles officiels... Celà devait être 'hyper poilant'!
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